Je suis entré dans le secret
que tu appelles ta bouche
où je prends les mots qui m’élèvent
j’aime te parler
me dire par ta bouche
moi le courbé
la tourbe prise à la durée
qu’on fige dans les lois syntaxiques
le souffle laborieux
dans le corps sans éclat du temps
des hommes et des écrits
mon visage déchéant a élu ton visage
parmi la foule des jours
ton visage
parmi les jours de mon ignorance
tes mots qui me grandissent
parmi les mots
il y a tes mains
elles me révèlent
me relèvent de la chute
où mon désir
la chute douce
où mon désir
douce comme le désir
comme le mot
laissé suspendu
tes mains disponibles
pour donner forme aux limons et aux sables
pris aux rives immobiles
donnent sens au désir
qu’expriment mes poumons
d’égaré d’homme égaré
ô mon souffle d’homme
sans horizon que la durée
tes mains me font récit
de cela que je suis
parmi les mots
il y a tes yeux pluriels
pour se donner
chaque jour différents
tes yeux s’ouvrent
sur toutes les variations de la différence
ton secret autour
des mots de ma bouche
anime un poème
m’aime malgré
moi ton secret
tapi dans les replis du toucher
du voir
se livre à travers l’image
du mal
se retire dans l’image
de la bête
dans l’ombre
m’échappe enfin
ton secret
pensée de la feinte
en deçà de mes lèvres
disent
la faute peinte au visage
épelle le mot clé
fend le noyau noir du cœur
se brise
faussement
se mêle au désir d’être en toi
fluide
où la pensée
feinte devient poème