Carole Mesrobian – outrepassé ?

Tu n’as pas de substance

je t’écoute tracer toujours plus d’indomptabilités ridicules

les mettre au creux du langage les secouer comme un boulier démiurge

sur les cimes d’aucune montagne

tu n’ébroues pas la crasse des urbanités serviles dans le crachin réverbératoire du néon translucide des tempêtes

pas plus que dans la passibilité incantatoire des empoussiérés caquetants sur le poison des certitudes tu ne t’enfonces au clou d’aucune porte enfermées dans les villes

je t’ai envoyé dire pendre

le trône des paralytiques huant le chien des foules

l’attrape-misère qui s’immisce sous le marbre des corps

la ripaille frelatée des scrutins cannibales

la panse des faux loups 

l’agneau dont on oublie l’agneau

et les couleurs incontinentes du sang avalé des pendus

les frocs apostoliques la claudication des apôtres

la tasse de thé des aphoristes la pagaille du fumier dans les gerbes de blé

l’adresse du funambule qui rêve de cécité

et l’aperture des voyelles sur la paralysie des pages

l’anabase fratricide la transe ammoniaquée des rêves l’ocre des tourbes

l’amour enduit des plâtres barbouillés de corbeaux

l’apostasie des leurres prisme de lunes géométriques néantisées

pour finir pendu par le lierre même de la parole

le poème

pour ne pas déserter le sens de toute ineptie

le ventre centrifuge de la rotondité

qui implose

comme ma langue granuleuse

ventre de mère

Poésie aval d’une déchéance outrepassée.