Georges Rose
Éditions Alcyone
Collection Surya
3e trimestre 2019
L’œuvre déjà volumineuse de Georges Rose approfondit, recueil après recueil, la percée du présent, la saisie de l’instant dans la puissance de l’évidence : « La mer est ce gris là-bas / qui devance le paysage[1] », « La pluie qui se délivre / la cascade si lente / qu’elle semble immobile contre le roc[2] ». L’œil y donne à accueillir le lumineux sourire de l’éveil : « Voici la lumière / assise dans la neige / avec un seul oiseau noir[3] ». On s’y fait accueil d’un monde où se met en mouvement l’universelle unité entrelaçant ses magies : « L’univers a ses culbutes / la longue gestation des ciels / l’éclat qui à son tour commence l’arbre[4] » ou encore : « La rue nous accompagne / jusqu’à cette fenêtre qui n’est pas le visible[5] »
À l’image du haïku duquel il nous semble si proche, ces poèmes chantent l’étrangeté de l’évidence, le rafraîchissement du regard. La totalité du monde au sein duquel tout n’est qu’enchâssement est soudain montrée sans les limites que notre entendement limité nous forcent à apposer.
Georges Rose est le poète pour lequel s’arrêter pour contempler est déjà, par lui-même, résistance à toutes les formes d’aliénation de notre modernité.
Jean-Yves Guigot
[1] P. 5.
[2] P. 18.
[3] P. 9
[4] P. 27.
[5] P. 36.