Alors vient le savoir. Dans le sillage de l’étreinte. Lucidité éphémère dans la chute. Savoir de la disgrâce.
Les yeux entrent dans l’histoire. Le battement de paupière est une éclipse. Interrompt brièvement l’échange. Ou bien irrigue le jour en équilibre.
Il faut savoir se faire récit de tout. Quels que soient les signes.
L’attente entre deux paroles rassurantes. Signer le délai.
Ta voix douce s’étend. Prend l’espace et le temps qui nous advient. Ou bien nous aveugle.
La grâce nous a diverti. Ta voix nous distrait. Tu lui donnes un nom pour le quotidien. Tout n’est pas poésie.
Le jour est le jour.
J’attends, les yeux ouverts. Dans le silence des innocents.
Je donne un nom à mon corps. Il hésite comme un ignorant.
Notre temps à perdre. Nous n’avons rien à nous. Nous ne sommes pas à nous.
Perdre alors ce qui nous a déjà échappé. En faire des histoires. Pour rien.
S’en faire récit. Notre temps s’égare dans nos récits.
Nous sommes notre temps à perdre. En récits.
Nous héritons d’histoires pour rien. Pour ne rien dire.
Tes paroles sont douces. Comme venues d’une légende.
Tu parles pour ne rien dire de ce que nous perdons. À prendre le temps. À être dans le temps: pour rien d’autre que tes paroles.
Je t’entends. Et c’est alors comme si.
Comme si le temps se perdait ailleurs qu’en moi. Qu’en nous.
Comme si le temps s’égarait ailleurs.
S’ignorait – de nous. Comme si je ne savais rien.
Ne savais plus parler.
Je m’ignore à entendre ta voix. Tu es en moi comme un monde. Autrement.
Une langue d’ailleurs. Insinuée en ma poitrine. Mon ventre.
S’enroule autour de mon sexe. Tu me connais. Tu es comme un monde en révolution autour de moi. Immobile et vertigineuse.
Je te raconte. Toi l’objet vers quoi je suis tendu. Tu m’ériges en vouloir. Je perds mon temps en toi: tu me donnes du sens.
Tu donnes un sens à mon temps perdu.